Accueil Revues La Revue de l'Ires NumĂ©ro 2018/3-1/2019 n° 96-97 Ătat des lieux de lâEurope... ArticleRĂ©sumĂ©PlanBibliographieAuteurCitĂ© parfile_downloadTĂ©lĂ©charger Article Parmi les diffĂ©rents instruments juridiques mondiaux et europĂ©ens, le droit de lâUnion europĂ©enne constitue, Ă maints Ă©gards, une source originale de droits pour les travailleurs et surtout le corpus le plus abouti de normes supranationales dans le domaine social. Nous tenterons alors de poser les bases dâune rĂ©flexion juridique et critique, en nous demandant, Ă la lumiĂšre des Ă©volutions rĂ©centes, si ce droit social de lâUnion europĂ©enne est aujourdâhui effectivement au service dâune Europe sociale. 1 Faire un Ă©tat des lieux de lâEurope sociale implique tout dâabord de souligner lâexistence de diffĂ©rents instruments juridiques mondiaux, mais surtout europĂ©ens, dans le champ du social. Ă cet Ă©gard, lâOrganisation internationale du travail OIT, institution internationale dĂ©diĂ©e aux questions du travail, a Ă©laborĂ© de nombreuses conventions et recommandations concernant lâensemble des relations de travail la libertĂ© syndicale et la protection du droit syndical [1], le droit dâaction et de nĂ©gociation collective [2], lâinterdiction du travail forcĂ© [3], la protection contre le licenciement [4], la mise en place dâun systĂšme dâinspection du travail [5] ou encore la protection de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© au travail [6]. En outre, sous lâĂ©gide du Conseil de lâEurope, dont la vocation principale est la promotion des droits de lâHomme, plusieurs textes ont contribuĂ© Ă faire avancer les droits sociaux des travailleurs. Câest le cas de certaines dispositions de la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de lâHomme CESDH [7], telles que lâinterdiction du travail forcĂ© [8] et lâinterdiction des discriminations [9], mais aussi de dispositions de la Charte sociale europĂ©enne [10] telles que le droit au travail [11], le droit Ă la sĂ©curitĂ© et Ă lâhygiĂšne au travail [12] et le droit syndical [13]. Ainsi, les droits internationaux et europĂ©ens ont indĂ©niablement contribuĂ© Ă lâĂ©mergence dâune logique de progrĂšs social TeyssiĂ©, 2014 ; Moreau, 2006. 2 Parmi ceux-lĂ , le droit de lâUnion europĂ©enne constitue, Ă maints Ă©gards, une source originale de droits pour les travailleurs. En effet, si lâUnion europĂ©enne a dâabord pour objectif la rĂ©alisation dâun vaste marchĂ© commun de lâemploi, des services et des capitaux, lâinstitution poursuit Ă©galement des objectifs sociaux. Câest dans ce cadre que sont Ă©laborĂ©es des rĂšgles protectrices des travailleurs qui organisent et facilitent leur mobilitĂ© au sein de lâUnion europĂ©enne. Il en est ainsi en particulier de la libertĂ© de circulation des personnes qui leur permet de se dĂ©placer librement sur le territoire dâun autre Ătat membre, notamment dans la perspective dây occuper un emploi et dây demeurer. Dâautres rĂšgles, tout aussi importantes, fixent des exigences minimales dans certains domaines qui permettent dâharmoniser les droits nationaux du travail. Câest le cas par exemple dans le champ, fondamental, de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© au travail. Enfin, les rĂšgles du droit de lâUnion europĂ©enne protĂšgent les droits sociaux fondamentaux des travailleurs tels que le droit dâaction et de nĂ©gociation collective. Pour cette raison, le droit de lâUnion europĂ©enne est le corpus le plus important de normes internationales dans le domaine social. Câest aussi le plus abouti. En effet, contrairement aux autres rĂšgles Ă©manant de sources de droit international et europĂ©en, celles Ă©manant de lâUnion europĂ©enne ont vocation Ă crĂ©er directement des droits et des obligations dans le chef des particuliers [14]. La diffĂ©rence avec les autres normes supranationales est dâimportance car elle permet, le cas Ă©chĂ©ant, aux travailleurs de se prĂ©valoir et de mobiliser directement les rĂšgles issues du droit de lâUnion europĂ©enne BergĂ©, 2013 ; Akandji-KombĂ©, 2012. En outre, le droit de lâUnion europĂ©enne se caractĂ©rise par sa primautĂ© sur le droit interne [15]. Cela implique que les Ătats sont tenus dâassurer le respect des normes du droit de lâUnion dans leurs propres ordres juridiques Hennion-Moreau, 2009 ; Robin-Olivier, 2016a. DĂšs lors, le droit social de lâUnion europĂ©enne est le principal vecteur de droits sociaux pour les travailleurs. 3 Nous tenterons alors de poser les bases dâune rĂ©flexion critique, en nous demandant si ce droit social de lâUnion europĂ©enne est aujourdâhui effectivement au service dâune Europe sociale. Câest un point de vue juridique qui est ici proposĂ©. Il vise Ă interroger lâexistence et la portĂ©e de rĂšgles de droit issues de lâUnion europĂ©enne aptes Ă crĂ©er des droits sociaux au profit des travailleurs. Il interroge Ă©galement lâeffectivitĂ© de ces rĂšgles de droit au stade de leur application, ce qui rĂ©vĂšle les limites dâune lecture purement formelle des textes. Ainsi, du point de vue du juriste, faire un Ă©tat des lieux de lâEurope sociale soulĂšve la problĂ©matique de lâexistence vĂ©ritable de cette Europe sociale, qui ne soit pas un vain mot mais qui procĂšde dâune volontĂ© europĂ©enne commune de faire rĂ©ellement progresser les droits sociaux des travailleurs une Europe sociale qui trouve effectivement sa traduction dans les textes et surtout dans les actes. AssurĂ©ment, la rĂ©ponse Ă cette question nâest pas une chose aisĂ©e. NuancĂ©e et complexe, elle peut toutefois ĂȘtre abordĂ©e de maniĂšre sĂ©quencĂ©e. Câest ainsi quâaprĂšs avoir observĂ© la construction de lâEurope sociale I, son dĂ©clin devra ĂȘtre abordĂ© II, avant que son renouveau ne soit envisagĂ© III. I. La construction de lâEurope sociale 4 Le droit de lâUnion europĂ©enne sâest dâabord prĂ©occupĂ© de rĂ©gir les situations de mobilitĂ© des travailleurs. En effet, depuis le traitĂ© de Rome en 1957 [16], il sâagit dâune thĂ©matique centrale du projet europĂ©en [17]. De nombreuses rĂšgles viennent lâencourager et lâencadrer car elle sâintĂšgre dans la finalitĂ© de la construction de lâUnion europĂ©enne la crĂ©ation dâun vaste marchĂ© commun des marchandises, des personnes, des services et des capitaux. La libre circulation des personnes 5 En vertu de lâactuel article 45 du TraitĂ© sur le fonctionnement de lâUnion europĂ©enne TFUE, la libre circulation des personnes, reconnue dans un premier temps au seul bĂ©nĂ©fice des travailleurs, doit permettre la crĂ©ation dâun marchĂ© commun de lâemploi [18]. Cette libertĂ© implique lâabolition de toute discrimination fondĂ©e sur la nationalitĂ© entre les travailleurs des Ătats membres en ce qui concerne lâemploi, la rĂ©munĂ©ration et les autres conditions de travail. Elle comporte le droit de rĂ©pondre Ă des emplois offerts dans un autre Ătat membre, de se dĂ©placer librement sur le territoire dâun autre Ătat membre et Ă©galement dây sĂ©journer et dây demeurer [19]. 6 Cette mobilitĂ© des travailleurs, encouragĂ©e par le droit de lâUnion europĂ©enne, est encadrĂ©e par la mise en Ćuvre de techniques issues du droit international privĂ© qui ont vocation Ă rĂ©soudre les conflits qui peuvent en rĂ©sulter RodiĂšre, 2003. Ainsi, face Ă une situation prĂ©sentant un Ă©lĂ©ment dâextranĂ©itĂ©, des rĂšgles permettent de dĂ©terminer le juge compĂ©tent pour traiter dâun Ă©ventuel litige ainsi que la loi quâil sera tenu dâappliquer. Il sâagit de dispositions spĂ©cifiques au contrat de travail et protectrices de la partie faible issues du rĂšglement Bruxelles I [20] et du rĂšglement Rome I [21]. Le premier de ces textes, relatif Ă la compĂ©tence judiciaire, permet de faciliter le recours contentieux du travailleur en cas de litige portant sur lâexĂ©cution de la relation de travail en prĂ©sence dâun contrat de travail international [22]. Le second, relatif Ă la loi applicable au contrat de travail international, prĂ©serve le choix dâune loi dâautonomie comme câest la rĂšgle en matiĂšre contractuelle, tout en imposant le respect de dispositions impĂ©ratives en faveur de la protection du travailleur [23]. 7 En outre, des instruments permettent de dĂ©terminer le droit de la sĂ©curitĂ© sociale applicable en cas de mobilitĂ© PrĂ©tot, 1987 ; Chassard, Venturini, 8 2005. En la matiĂšre, il nâest pas question dâuniformiser les lĂ©gislations de sĂ©curitĂ© sociale des Ătats membres, dâautant que le droit social en gĂ©nĂ©ral se prĂȘte difficilement Ă cette forme dâaction de lâUnion europĂ©enne, les Ătats ayant conservĂ© leur compĂ©tence en ce domaine. Il ne sâagit pas non plus dâharmoniser les lĂ©gislations de sĂ©curitĂ© sociale des diffĂ©rents Ătats membres, ce qui a pu ĂȘtre fait, comme nous le verrons, par voie de directives pour certains Ă©lĂ©ments de la relation de travail. Il sâagit ici dâune simple coordination des rĂ©gimes de sĂ©curitĂ© sociale [24]. Cette derniĂšre est nĂ©anmoins fondamentale car elle est conçue comme le corollaire de la libre circulation des travailleurs. En effet, la coordination des rĂ©gimes de sĂ©curitĂ© sociale [25] est indispensable pour quâils puissent, effectivement, exercer leur mobilitĂ©, en Ă©tant assurĂ©s quâils pourront bĂ©nĂ©ficier dâune couverture sociale [26]. Lâadoption de rĂšgles minimales en matiĂšre de droits sociaux 9 Outre lâencouragement et lâencadrement de la mobilitĂ© des travailleurs, le droit de lâUnion europĂ©enne sâest Ă©galement prĂ©occupĂ© dâĂ©dicter un certain nombre de rĂšgles minimales que les Ătats membres sont tenus de transposer dans leur droit national. En effet, depuis lâActe unique europĂ©en de 1986 [27], lâUnion europĂ©enne a compĂ©tence pour adopter des directives fixant des prescriptions minimales [28]. DĂšs lors, le droit du travail, et plus largement le droit social en gĂ©nĂ©ral est devenu un domaine dâaction Ă part entiĂšre de lâUnion europĂ©enne. Ainsi, il est solennellement affirmĂ© que les Ătats membres sâattachent Ă promouvoir lâamĂ©lioration, notamment du milieu de travail, pour protĂ©ger la sĂ©curitĂ© et la santĂ© des travailleurs, et se fixent pour objectif lâharmonisation, dans le progrĂšs, des conditions existant dans ce domaine [29] ». 10 Ces rĂšgles ont vocation Ă protĂ©ger les travailleurs. Il sâagit des politiques sociales que lâactuel article 153 du TFUE Ă©numĂšre lâamĂ©lioration, en particulier du milieu de travail, pour protĂ©ger la santĂ© et la sĂ©curitĂ© des travailleurs ; les conditions de travail ; la sĂ©curitĂ© sociale et la protection sociale des travailleurs ; la protection des travailleurs en cas de rĂ©siliation du contrat de travail ; lâinformation et la consultation des travailleurs ; la reprĂ©sentation et la dĂ©fense collective des intĂ©rĂȘts des travailleurs et des employeurs ; les conditions dâemploi des ressortissants des pays tiers se trouvant en sĂ©jour rĂ©gulier sur le territoire de lâUnion ; lâintĂ©gration des personnes exclues du marchĂ© du travail ; lâĂ©galitĂ© entre les hommes et les femmes en ce qui concerne leurs chances sur le marchĂ© du travail et le traitement dans le travail ; la lutte contre lâexclusion sociale ; la modernisation des systĂšmes de protection sociale. 11 Dans chacun de ces domaines, lâUnion europĂ©enne est compĂ©tente pour complĂ©ter lâaction des Ătats membres par voie de directives. Lâobjectif est bien ici dâharmoniser les droits nationaux, en imposant des exigences minimales applicables aux relations de travail. Lâharmonisation dans le cadre des politiques sociales par la voie des directives est alors assurĂ©ment un vecteur de progrĂšs social ; câest un des ressorts de lâEurope sociale Martin, 1994. Les Ătats membres moins avancĂ©s dans certains domaines sociaux sont ainsi tenus de faire Ă©voluer leur lĂ©gislation pour respecter les rĂšgles minimales fixĂ©es par les directives. Quant aux autres, des clauses de non-rĂ©gression leur interdisent de prendre prĂ©texte de la transposition dâune directive pour abaisser les niveaux de protection qui existent dans leur lĂ©gislation nationale. 12 Ă cet Ă©gard, lâaction de lâUnion europĂ©enne en matiĂšre de protection de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© au travail doit ĂȘtre soulignĂ©e. En effet, la directive-cadre du 12 juin 1989 concernant la mise en Ćuvre des mesures visant Ă promouvoir lâamĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© des travailleurs au travail a considĂ©rablement fait progresser lâidĂ©e de prĂ©vention sur les lieux de travail dans les lĂ©gislations des Ătats membres, en particulier en France [30]. Il sâagit de promouvoir une vĂ©ritable politique de prĂ©vention des risques, celle-ci Ă©tant dĂ©finie comme lâensemble des dispositions ou des mesures prises ou prĂ©vues Ă tous les stades de lâactivitĂ© dans lâentreprise, en vue dâĂ©viter ou de diminuer les risques professionnels [31] ». 13 ConformĂ©ment Ă la directive, la loi de transposition française du 14 31 dĂ©cembre 1991 [32] a permis de renforcer les exigences en termes de prĂ©vention. Depuis, lâemployeur est dĂ©biteur dâune obligation gĂ©nĂ©rale de prĂ©vention qui nâest plus limitĂ©e au respect de rĂšgles particuliĂšres de sĂ©curitĂ©. ParallĂšlement, lâaccent a Ă©tĂ© mis sur la nĂ©cessaire participation Ă©quilibrĂ©e » des travailleurs et de leurs reprĂ©sentants Ă la prĂ©vention des risques dans lâentreprise [33]. En dâautres termes, le droit de lâUnion europĂ©enne a ouvert la voie Ă une approche plus complĂšte des risques, centrĂ©e sur leur Ă©vitement plus que sur leur rĂ©paration et qui associe lâensemble des acteurs dans lâentreprise. Câest lâacte de naissance dâune politique ambitieuse de prĂ©vention sur les lieux de travail, telle que nous la connaissons aujourdâhui en droit français. Les droits fondamentaux 15 Enfin, de maniĂšre plus rĂ©cente mais nĂ©anmoins importante, lâaction de lâUnion europĂ©enne en faveur des travailleurs sâest dĂ©veloppĂ©e dans le champ des droits fondamentaux. DĂ©jĂ , en 1989, la Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux avait permis de fixer les grands principes du modĂšle europĂ©en du droit du travail [34] Il convient de donner aux aspects sociaux la mĂȘme importance quâaux aspects Ă©conomiques et âŠ, dĂšs lors, ils doivent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s de façon Ă©quilibrĂ©e [35] ». 16 Nâayant pas dâeffet contraignant, la Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux nâen demeurait pas moins un acte fort dans lâaffirmation dâune authentique logique de progrĂšs social au sein du droit de lâUnion europĂ©enne. En effet, il sâagissait dâaffirmer la dimension sociale de lâUnion europĂ©enne [36] » dans des domaines tels que lâamĂ©lioration des conditions de vie et de travail. 17 Un cap a Ă©tĂ© franchi lors de la proclamation au Conseil europĂ©en de Nice en 2000 de la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne [37] qui, depuis le traitĂ© de Lisbonne [38], a la mĂȘme valeur juridique que les traitĂ©s [39]. DotĂ© dâune force contraignante, le texte proclame lâensemble des droits civils, politiques, Ă©conomiques et sociaux des citoyens de lâUnion europĂ©enne. Concernant spĂ©cifiquement les relations de travail, un chapitre consacrĂ© Ă la SolidaritĂ© » affirme lâexistence dâun droit Ă lâinformation et Ă la consultation des travailleurs au sein de lâentreprise [40], dâun droit de nĂ©gociation et dâactions collectives [41], dâun droit dâaccĂšs aux services de placement [42], dâun droit Ă la protection en cas de licenciement injustifiĂ© [43] ou encore dâun droit Ă des conditions de travail justes et Ă©quitables [44]. 18 La reconnaissance de ces droits fondamentaux au profit des travailleurs participe incontestablement de la construction dâune Europe sociale, bĂątie de maniĂšre progressive et par strates successives. Jusquâici, la logique semblait celle dâun progrĂšs constant en faveur de la protection des travailleurs de lâorganisation de leur mobilitĂ© au sein de lâUnion europĂ©enne Ă lâaffirmation de droit sociaux fondamentaux, en passant par la mise en Ćuvre dâambitieuses politiques sociales posant des exigences minimales applicables Ă la relation de travail dans les diffĂ©rents Ătats membres. Il faut pourtant constater que cette Europe sociale a connu et connaĂźt encore un certain dĂ©clin, dans les textes, mais aussi et surtout dans leur application. II. Le dĂ©clin de lâEurope sociale 19 Sâil faut constater une phase de dĂ©clin de lâEurope sociale, ce dernier est incontestablement liĂ© Ă la dichotomie entretenue avec lâEurope Ă©conomique [45]. Un dĂ©sĂ©quilibre structurel entre Europe Ă©conomique et sociale aux fondements du dĂ©clin de lâEurope sociale ? 20 En consĂ©quence, les objectifs Ă©conomiques des traitĂ©s ont parfois pris le pas sur les objectifs sociaux. En effet, les questions sociales ont dâabord Ă©tĂ© abordĂ©es par lâUnion europĂ©enne comme des auxiliaires des libertĂ©s Ă©conomiques garanties par les traitĂ©s. Créée Ă lâissue du second conflit mondial, celle-ci repose avant tout sur une alliance Ă©conomique des diffĂ©rents Ătats membres. Dans ce cadre, la mobilitĂ© des travailleurs, encouragĂ©e et encadrĂ©e par le droit de lâUnion europĂ©enne ainsi que nous lâavons vu, vise prioritairement Ă la crĂ©ation dâun vaste marchĂ© commun de lâemploi au service dâobjectifs Ă©conomiques. 21 LâamĂ©lioration des conditions de travail est visĂ©e par les traitĂ©s fondateurs mais elle doit rĂ©sulter de lâĂ©tablissement dâun marchĂ© commun favorisant lâharmonisation des systĂšmes sociaux. Ainsi, il est affirmĂ© dans les traitĂ©s fondateurs que les Ătats membres conviennent de la nĂ©cessitĂ© de promouvoir lâamĂ©lioration des conditions de vie et de travail de la main-dâĆuvre permettant leur Ă©galisation dans le progrĂšs, ⊠une telle Ă©volution rĂ©sultera ⊠du fonctionnement du marchĂ© commun, qui favorisera lâharmonisation des systĂšmes sociaux [46] ». En dâautres termes, la logique sociale qui est Ă lâĆuvre nâest pas sĂ©parable dâune logique Ă©conomique, qui est premiĂšre dans la construction europĂ©enne. 22 Il est vrai que, par la suite, la dimension sociale a connu un rĂ©el approfondissement. La montĂ©e en puissance des politiques sociales ainsi que lâirruption des droits fondamentaux des travailleurs, prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©s, en tĂ©moignent. Dâailleurs, il a Ă©tĂ© proposĂ© dây voir une phase dâ autonomisation » voir notamment Schmitt, 2012 dâune logique sociale au sein du droit de lâUnion europĂ©enne. Sous cet angle, le droit social de lâUnion europĂ©enne obĂ©it dĂ©sormais Ă une finalitĂ© propre, qui fait converger les objectifs Ă©conomiques et sociaux. Il y a alors coexistence des deux logiques. Câest en tout cas ce qui ressort de la mission dĂ©sormais assignĂ©e Ă lâUnion Ćuvrer pour le dĂ©veloppement durable de lâEurope fondĂ© sur une croissance Ă©conomique Ă©quilibrĂ©e et sur la stabilitĂ© des prix, une Ă©conomie sociale de marchĂ© hautement compĂ©titive, qui tend au plein emploi et au progrĂšs social [47]. 23 Toutefois, cette promotion de lâEurope sociale semble remise en cause, car la dimension Ă©conomique nâest jamais loin et rejaillit puissamment dans un contexte europĂ©en, et plus largement mondial, difficile Supiot, 2010. Ce dĂ©clin Ă©tait sans doute prĂ©visible, compte tenu de la finalitĂ© Ă©conomique des traitĂ©s les mots mĂȘmes dââEurope socialeâ sont si paradoxaux, quâils illustrent mieux que ne pourrait le faire la plus savante analyse les ambiguĂŻtĂ©s de la construction europĂ©enne en matiĂšre sociale » Pataut, 2018. 24 Il y a lĂ de quoi douter, au point que lâon a pu Ă©voquer le mythe » de lâEurope sociale Mazuyer, 2017. Plusieurs Ă©vĂšnements vont en ce sens. Ainsi, un ralentissement trĂšs net de la production de textes en matiĂšre sociale au sein de lâUnion europĂ©enne est constatĂ©, sans doute liĂ© aux Ă©largissements successifs qui rendent difficile lâadoption de directives fixant des exigences minimales. Il convient en effet de tenir compte des disparitĂ©s existant entre les Ătats membres et des intĂ©rĂȘts, Ă©conomiques, de chacun dâentre eux Spyropoulos, 2005. Câest le cas en particulier dans le champ de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© au travail dont il a Ă©tĂ© question plus haut. Dans ce domaine, si lâUnion europĂ©enne a, un temps, considĂ©rablement contribuĂ© Ă lâĂ©mergence dâune vĂ©ritable politique de prĂ©vention dans les lĂ©gislations des diffĂ©rents Ătats membres, sâen est suivie une longue pĂ©riode dâinactivitĂ© lĂ©gislative Vogel, 2018. Alors mĂȘme que les travailleurs sont exposĂ©s Ă de nouveaux risques au travail contre lesquels ils doivent ĂȘtre protĂ©gĂ©s, lâUnion europĂ©enne semble sâĂȘtre dĂ©sengagĂ©e [48]. Un non-respect des engagements pris en termes de droits fondamentaux 25 Outre le reflux des textes, le non-respect des engagements pris par lâUnion europĂ©enne caractĂ©rise cette pĂ©riode de dĂ©clin de lâEurope sociale. On rappellera alors que lâarticle 6 du TraitĂ© sur lâUnion europĂ©enne TUE prĂ©voit lâadhĂ©sion de lâUnion Ă la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de lâHomme, ce qui devait avoir pour effet de renforcer la protection des droits fondamentaux [49]. Toutefois, le 18 dĂ©cembre 2014, la Cour de justice de lâUnion europĂ©enne CJUE, saisie dâune demande de la Commission europĂ©enne, a rendu un avis nĂ©gatif concernant cette adhĂ©sion au motif quâelle nâĂ©tait pas compatible avec les traitĂ©s [50]. Ainsi, lâadhĂ©sion de lâUnion Ă la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de lâHomme, prĂ©vue par les textes, ne peut toutefois avoir lieu au motif quâelle est susceptible de porter atteinte aux caractĂ©ristiques spĂ©cifiques et Ă lâautonomie du droit de lâUnion. IndĂ©niablement, les textes trouvent ici leurs limites, dans lâapplication qui en est faite par la CJUE. 26 Dans le registre des droits fondamentaux, les difficultĂ©s dâapplication de la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne peuvent Ă©galement ĂȘtre Ă©voquĂ©es [51]. En effet, les dispositions de la Charte nâĂ©tendent en aucune maniĂšre les compĂ©tences de lâUnion telles que dĂ©finies dans les traitĂ©s [52]. En outre, la portĂ©e de ce texte doit encore ĂȘtre relativisĂ©e par lâinterprĂ©tation timorĂ©e quâen fait la CJUE Marzo, 2016 [53]. DĂšs lors, les droits fondamentaux peuvent ĂȘtre un formidable levier de lâEurope sociale, mais ils ne sont pas encore pleinement dĂ©ployĂ©s, Ă tout le moins dans la jurisprudence de la Cour He, 2018. Une CJCE plus favorable aux libertĂ©s Ă©conomiques quâaux rĂšgles sociales ? 27 Câest prĂ©cisĂ©ment la CJUE, garante de lâinterprĂ©tation des textes et de leur application, qui dĂ©tient le pouvoir de fixer le curseur entre Europe sociale et Europe Ă©conomique. Un balancier » Pataut, 2018 qui pĂšse aujourdâhui davantage en faveur de libertĂ©s Ă©conomiques, au dĂ©triment des rĂšgles sociales. La thĂ©matique du dĂ©tachement lâillustre parfaitement et dĂ©montre que si une lecture audacieuse des textes a Ă©tĂ© possible au profit des travailleurs, tel nâest dĂ©sormais plus le cas. 28 Le dĂ©tachement de travailleurs sâeffectue, dans le cadre de la libertĂ© de prestation de services de lâemployeur reconnue par lâarticle 56 TFUE qui lui permet de dĂ©tacher librement, câest-Ă -dire sans subir dâentraves, des salariĂ©s dâun Ătat membre Ă un autre. Cette configuration nâest pas sans incidence sur la maniĂšre de concevoir les rĂšgles relatives Ă la mobilitĂ© du travailleur dĂ©tachĂ© et qui font dâabord prĂ©valoir la libertĂ© Ă©conomique de lâemployeur Garnier, 2018. 29 Pour autant, la protection des travailleurs dĂ©tachĂ©s ne doit pas ĂȘtre occultĂ©e. Ainsi, dans lâarrĂȘt Rush Portuguesa du 27 mars 1990, la Cour de justice de lâUnion europĂ©enne sâest efforcĂ©e de concilier la libre prestation de services et lâimpĂ©ratif de protection des travailleurs en admettant que les Ătats dâaccueil puissent imposer le respect de leur lĂ©gislation du travail Le droit communautaire ne sâoppose pas Ă ce que les Ătats membres Ă©tendent leur lĂ©gislation, ou les conventions collectives de travail conclues par les partenaires sociaux, Ă toute personne effectuant un travail salariĂ©, mĂȘme de caractĂšre temporaire, sur leur territoire, quel que soit le pays dâĂ©tablissement de lâemployeur [54]. » 30 Dans le sillage de cette jurisprudence, la directive de 1996 [55] relative au dĂ©tachement a rĂ©alisĂ© un compromis fondĂ© sur lâapplication dâun noyau dur » Moizard, 2008 de rĂšgles impĂ©ratives protectrices, câest-Ă -dire de certaines dispositions du droit du travail de lâĂtat membre dâaccueil, que le prestataire de services est tenu de respecter vis-Ă -vis de ses travailleurs dĂ©tachĂ©s [56]. Dâune part, ces rĂšgles doivent ĂȘtre issues de sources du droit prĂ©cisĂ©es par le texte que sont des dispositions lĂ©gislatives, rĂ©glementaires, administratives ou des dispositions issues de dispositions conventionnelles â câest-Ă -dire issues de conventions collectives â dĂ©clarĂ©es dâapplication gĂ©nĂ©rale. Dâautre part, ces rĂšgles doivent porter sur des matiĂšres strictement Ă©numĂ©rĂ©es que sont les pĂ©riodes maximales de travail et les pĂ©riodes minimales de repos, la durĂ©e minimale des congĂ©s annuels payĂ©s, les taux de salaire minimal, y compris ceux majorĂ©s pour les heures supplĂ©mentaires, les conditions de mise Ă disposition des travailleurs notamment par des entreprises de travail intĂ©rimaire, la sĂ©curitĂ©, la santĂ© et lâhygiĂšne au travail, les mesures protectrices applicables aux conditions de travail et dâemploi des femmes enceintes et des femmes venant dâaccoucher, des enfants et des jeunes, lâĂ©galitĂ© de traitement entre les hommes et les femmes ainsi que dâautres dispositions en matiĂšre de non-discrimination. 31 Toutefois, lâĂ©quilibre trouvĂ© entre logique sociale et logique Ă©conomique est prĂ©caire. Il a Ă©tĂ© considĂ©rablement perturbĂ© par la jurisprudence de la Cour, accusĂ©e dâĂȘtre anti-sociale » Lhernould, 2010 compte tenu de son interprĂ©tation stricte de la directive, au dĂ©triment de lâobjectif de protection des travailleurs. 32 LâarrĂȘt Laval » mĂ©rite ici dâĂȘtre citĂ© [57]. Le litige au principal concernait un dĂ©tachement de travailleurs dans le cadre dâune prestation de services, Ă savoir un employeur letton Laval qui a dĂ©tachĂ©, entre mai et dĂ©cembre 2004, 35 salariĂ©s auprĂšs dâune entreprise suĂ©doise pour la construction dâun Ă©tablissement scolaire. Sâen est suivie une action collective consistant en un blocus de chantier du prestataire, visant Ă lâapplication de dispositions conventionnelles â câest-Ă -dire issues de conventions collectives â sur le salaire. ConfrontĂ©s Ă des problĂšmes dâinterprĂ©tation, les juges nationaux saisis ont posĂ© Ă la CJUE plusieurs questions prĂ©judicielles. 33 Ă la premiĂšre question, le prestataire de services est-il tenu en vertu de la directive 96/71 dâappliquer les dispositions conventionnelles sur le salaire Ă ses travailleurs dĂ©tachĂ©s ? », la Cour rĂ©pond par la nĂ©gative au motif, dâune part, que les dispositions conventionnelles en cause ne sont pas dâapplication gĂ©nĂ©rale et, dâautre part, que la revendication portait sur lâapplication dâun salaire moyen, ce qui va au-delĂ des exigences minimales posĂ©es par la directive. Ce faisant, la Cour sâen tient Ă une interprĂ©tation stricte des textes. 34 Ă la seconde question, lâaction collective menĂ©e pour contester les conditions du dĂ©tachement est-elle licite ? », la Cour rĂ©pond Ă©galement par la nĂ©gative. Tout en relevant quâil existe un droit fondamental Ă lâaction collective reconnu par lâUnion europĂ©enne, elle affirme que celui-ci doit ĂȘtre conciliĂ© avec la libertĂ© de prestation de services, Ă laquelle une restriction ne saurait ĂȘtre admise que si elle poursuit un objectif lĂ©gitime compatible avec le traitĂ© et se justifie par des raisons impĂ©rieuses dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, pour autant, en pareil cas, quâelle soit propre Ă garantir la rĂ©alisation de lâobjectif poursuivi. Or, tel nâĂ©tait pas le cas de lâaction collective en cause au principal. 35 Ainsi, la CJUE a fait prĂ©valoir une conception trĂšs restrictive des textes Robin-Olivier, Pataut, 2008 ; Tissandier, 2008 ; RodiĂšre, 2008. De ce point de vue, la dimension Ă©conomique du dĂ©tachement lâemporte sur sa dimension sociale. AprĂšs avoir connu cette phase de dĂ©clin, lâEurope sociale est-elle en capacitĂ© de se renouveler ? III. Le renouveau de lâEurope sociale ? 36 Lâavenir de lâEurope sociale est une question dâactualitĂ© Revue tri- mestrielle de droit europĂ©en, 2018. Elle est posĂ©e au sein mĂȘme des institutions de lâUnion europĂ©enne qui, Ă ce titre, ont Ă©laborĂ© diffĂ©rents scĂ©narios cantonner la dimension sociale Ă la libre circulation, permettre aux Ătats qui le souhaitent de faire plus dans le domaine social, ou bien approfondir, ensemble, Ă 27, la dimension sociale de lâEurope Commission europĂ©enne, 2017a. Câest sans doute cette troisiĂšme option qui est explorĂ©e dans le cadre dâun nouveau texte, qui ouvre des perspectives pour lâEurope sociale. 37 Au cours de lâannĂ©e 2016, les Ătats membres, les institutions de lâUE, les partenaires sociaux ainsi que les citoyens ont Ă©tĂ© consultĂ©s Commission europĂ©enne, 2016 sur la maniĂšre de relancer le processus de lâEurope sociale et Ă©tablir un cadre propre Ă amĂ©liorer les droits sociaux des citoyens europĂ©ens Robin-Olivier, 2016b ; Schmitt, 2016 ; RodiĂšre, 2018. En ce sens, la Commission a prĂ©sentĂ© un socle europĂ©en des droits sociaux » Commission europĂ©enne, 2017b qui a fait lâobjet dâune proclamation interinstitutionnelle en avril 2017 Commission europĂ©enne, 2017c avant dâĂȘtre proclamĂ© le 17 novembre 2017 lors dâune prĂ©sentation au sommet social pour des emplois et une croissance Ă©quitables organisĂ© Ă Göteborg en SuĂšde. 38 Ce socle europĂ©en des droits sociaux contient 20 principes et droits qui se dĂ©clinent, dans un programme ambitieux, autour de trois thĂšmes Ă©galitĂ© des chances et accĂšs au marchĂ© du travail, conditions de travail Ă©quitables, protection et insertion sociales. Sont ainsi solennellement affirmĂ©s des droits tels que le droit Ă lâapprentissage tout au long de la vie afin de maintenir et dâacquĂ©rir des compĂ©tences permettant de participer pleinement Ă la vie en sociĂ©tĂ© et de gĂ©rer avec succĂšs les transitions sur le marchĂ© du travail [58], lâĂ©galitĂ© de traitement et lâĂ©galitĂ© des chances entre les femmes et les hommes dans tous les domaines y compris en ce qui concerne la participation au marchĂ© du travail, les conditions dâemploi, la progression de carriĂšre et spĂ©cialement la rĂ©munĂ©ration [59]. Peuvent Ă©galement ĂȘtre citĂ©s lâĂ©quilibre entre vie professionnelle et vie privĂ©e [60], le droit Ă un salaire juste permettant un niveau de vie dĂ©cent [61] ou encore le droit Ă un emploi sĂ»r et adaptable [62]. Plus largement, le socle europĂ©en des droits sociaux se veut ĂȘtre lâinstrument du renouveau de lâEurope sociale. 39 Le texte nâa pas, en lui-mĂȘme, de force contraignante. Le recours Ă un procĂ©dĂ© de soft law vise prĂ©cisĂ©ment Ă ne pas crĂ©er de blocages de la part de certains Ătats sur les questions sociales qui les divisent profondĂ©ment. Pour cette raison, le socle europĂ©en des droits sociaux est critiquĂ© pour son manque dâambition et peut lĂ©gitimement gĂ©nĂ©rer un certain scepticisme voir notamment Robin-Olivier, 2016b. Pour autant, il nâa pas vocation Ă demeurer purement dĂ©claratif, il doit servir de moteur Ă lâadoption de textes aptes Ă relancer effectivement le processus de lâEurope sociale. 40 Ă ce titre, sa proclamation est concomitante avec la rĂ©vision de la directive dĂ©tachement intervenue en juin dernier [63]. ProcĂ©dant Ă une rĂ©forme attendue des textes en la matiĂšre Muller, 2018, la nouvelle directive permet, notamment, de faire application aux travailleurs dĂ©tachĂ©s du principe Ă travail Ă©gal, salaire Ă©gal ». Ă juste titre car, nous lâavons vu, lâapplication du salaire de lâĂtat dâaccueil Ă©tait jusquâici une rĂ©elle source de difficultĂ©, compte tenu de lâinterprĂ©tation restrictive de la CJUE, notamment dans lâarrĂȘt Laval Ă©voquĂ© plus haut. En outre, depuis 1996, Ă mesure des Ă©largissements successifs, les Ă©carts de salaire entre les Ătats membres se sont creusĂ©s, rendant dâautant plus nĂ©cessaire une rĂ©vision des rĂšgles applicables aux travailleurs dĂ©tachĂ©s afin dâĂ©viter le dumping social Savary, 2016. Dans la nouvelle directive, la rĂ©fĂ©rence au taux de salaire minimal est supprimĂ©e par une rĂ©fĂ©rence plus large Ă la rĂ©munĂ©ration, de maniĂšre Ă instaurer un salaire Ă©gal entre les travailleurs. 41 Au-delĂ du dĂ©tachement, plusieurs initiatives ont Ă©tĂ© annoncĂ©es dans le cadre du socle europĂ©en des droits sociaux. Il sâagit du paquet socle europĂ©en » qui inclut notamment une proposition de nouvelle directive sur lâĂ©quilibre entre vie professionnelle et vie privĂ©e pour les parents et les aidants Commission europĂ©enne, 2017b ainsi que du paquet Ă©quitĂ© sociale » dont les mesures phares sont une proposition de rĂšglement instaurant une AutoritĂ© europĂ©enne du travail AET ainsi quâune proposition de recommandation du Conseil relative Ă lâaccĂšs Ă la protection sociale pour tous Commission europĂ©enne, 2018. De cette maniĂšre, la Commission europĂ©enne entend faire du socle europĂ©en des droits sociaux lâinstrument dâun vĂ©ritable renouveau. 42 Il est sans doute trop tĂŽt pour se prononcer sur lâaptitude de ce nouvel instrument Ă relancer effectivement lâEurope sociale [64]. Toutefois, force est de constater que le socle europĂ©en des droits sociaux a dâores et dĂ©jĂ permis de remettre les politiques sociales de lâUnion europĂ©enne au cĆur du dĂ©bat politique et public Gruny, Harribey, 2018 ; Sabato, Corti, 2018. 43 Pour conclure, il faut constater quâ au moins dans le discours » Vanhercke, Sabato, Ghailani, 2018, lâEurope sociale est de retour. Pour autant, il faudra Ă lâavenir rester attentif Ă lâeffectivitĂ© des textes issus du droit de lâUnion europĂ©enne, spĂ©cialement Ă lâinterprĂ©tation quâen donnera la Cour de justice de lâUnion europĂ©enne. Câest Ă cette condition que les droits sociaux des travailleurs pourront rĂ©ellement progresser. Notes [1] Convention n° 87 sur la libertĂ© syndicale et la protection du droit syndical C087, adoptĂ©e Ă San Francisco lors de la 31e session de la ConfĂ©rence internationale du travail le 9 juillet 1948. [2] Convention n° 98 sur le droit dâorganisation et de nĂ©gociation collective C098, adoptĂ©e Ă GenĂšve lors de la 32e session de la ConfĂ©rence internationale du travail le 1er juillet 1949. [3] Convention n° 29 sur le travail forcĂ© C029, adoptĂ©e Ă GenĂšve lors de la 14e session de la ConfĂ©rence internationale du travail le 28 juin 1930. [4] Convention n° 158 sur le licenciement C158, adoptĂ©e Ă GenĂšve lors de la 68e session de la ConfĂ©rence internationale du travail le 22 juin 1982. [5] Convention n° 81 sur lâinspection du travail C081, adoptĂ©e Ă GenĂšve lors de la 30e session de la ConfĂ©rence internationale du travail le 11 juillet 1947. [6] Convention n° 155 sur la sĂ©curitĂ© et la santĂ© des travailleurs C155, adoptĂ©e Ă GenĂšve lors de la 67e session de la ConfĂ©rence internationale du travail le 22 juin 1981. [7] Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de lâHomme et des libertĂ©s fondamentales CESDH, signĂ©e par les membres du Conseil de lâEurope le 4 novembre 1950. [8] Article 4 de la CESDH prĂ©citĂ©e. [9] Article 14 de la CESDH prĂ©citĂ©e. [10] Charte sociale europĂ©enne, adoptĂ©e par les membres du Conseil de lâEurope le 18 octobre 1961, rĂ©visĂ©e le 3 mai 1996. [11] Article 1 de la Charte sociale europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [12] Article 3 de la Charte sociale europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [13] Article 5 de la Charte sociale europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [14] CJCE, 5 fĂ©vrier 1963, Van Gend en Loos, aff. C-26/62 Lâarticle 12 du TraitĂ© instituant la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne produit des effets immĂ©diats et engendre dans le chef des justiciables des droits individuels que les juridictions internes doivent sauvegarder. » [15] CJCE, 15 juillet 1964, Costa c/Enel, aff. C-6/64 Issu dâune source autonome, le droit nĂ© du traitĂ© ne pourrait âŠ, en raison de sa nature spĂ©cifique originale, se voir judiciairement opposer un texte interne quel quâil soit sans perdre son caractĂšre communautaire et sans que soit mise en cause la base juridique de la CommunautĂ© elle-mĂȘme. » [16] TraitĂ© instituant la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne TraitĂ© CEE, signĂ© Ă Rome le 25 mars 1957. [17] Article 48 du TraitĂ© CEE prĂ©citĂ©, relatif Ă la libre circulation des personnes. [18] Le bĂ©nĂ©fice des dispositions relatives Ă la circulation des personnes a initialement Ă©tĂ© rĂ©servĂ© aux seuls travailleurs qui sont des personnes Ă©conomiquement actives conformĂ©ment aux objectifs Ă©conomiques des traitĂ©s. La libre circulation est aujourdâhui reconnue plus largement aux citoyens europĂ©ens voir directive 2004/38/CE relative au droit des citoyens de lâUnion et des membres de leur famille de circuler et de sĂ©journer librement sur le territoire des Ătats membres. NĂ©anmoins, la qualitĂ© de travailleur demeure attractive pour bĂ©nĂ©ficier pleinement des dispositions relatives Ă la libre circulation en particulier concernant lâĂ©galitĂ© de traitement avec les nationaux. [19] RĂšglement UE 492/2011 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 5 avril 2011 relatif Ă la libre circulation des travailleurs Ă lâintĂ©rieur de lâUnion. [20] RĂšglement UE 1215/2012 du 12 dĂ©cembre 2012 dit Bruxelles I » applicable Ă compter du 10 janvier 2015 concernant la compĂ©tence judiciaire, la reconnaissance et lâexĂ©cution des dĂ©cisions en matiĂšre civile et commerciale, JOUE L 351, 20 dĂ©cembre 2012, p. 1. [21] RĂšglement 593/2008/CE du 17 juin 2008 dit Rome I » sur la loi applicable aux obligations contractuelles, paru au JOUE L 177 du 4 juillet 2008, p. 6. [22] Articles 20 et suivants du rĂšglement Bruxelles I » prĂ©citĂ©. Ces dispositions instaurent une inĂ©galitĂ© entre les parties au contrat de travail puisque lâemployeur ne peut attraire le travailleur que devant les tribunaux du domicile du travailleur, tandis que le travailleur dispose dâune alternative soit attraire lâemployeur devant les tribunaux du domicile de lâemployeur, soit attraire lâemployeur devant les tribunaux du lieu oĂč il accomplit habituellement son travail, et Ă dĂ©faut de localisation habituelle du travail, devant les tribunaux du lieu oĂč se situe lâĂ©tablissement qui a embauchĂ© le travailleur. Lâoption laissĂ©e au travailleur vise Ă faciliter le recours contentieux de la partie faible au contrat de travail. [23] Article 8 du rĂšglement Rome I » prĂ©citĂ©. Cette disposition prĂ©serve le choix par les parties dâune loi dite dâautonomie pour le contrat de travail mais dans le respect des dispositions impĂ©ratives de la loi objectivement applicable, laquelle renvoie principalement au lieu habituel de travail, lui-mĂȘme apprĂ©ciĂ© de maniĂšre extensive par les juges. DĂšs lors, la distribution du rattachement entre ces deux lois nationales a pour effet de limiter lâautonomie contractuelle dans un souci de protection du travailleur considĂ©rĂ© comme la partie faible au contrat de travail. [24] RĂšglement 883/2004/CE RĂšglement de base du Parlement europĂ©en et du Conseil du 29 avril 2004, portant sur la coordination des systĂšmes de sĂ©curitĂ© sociale, JO L 166 du 30 avril 2004, p. 1 ; RĂšglement 987/2009/CE RĂšglement dâapplication du Parlement europĂ©en et du Conseil du 16 septembre 2009, fixant les modalitĂ©s dâapplication du rĂšglement 883/2004/CE portant sur la coordination des systĂšmes de sĂ©curitĂ© sociale, JOUE L 284 du 30 octobre 2009, p. 1 entrĂ©s en vigueur au 1er mai 2010. [25] La coordination des rĂ©gimes de sĂ©curitĂ© sociale couvre les prestations contributives et universelles ainsi que les prestations sociales de type mixte. Elle repose sur quatre principes 1 lâunicitĂ© de la lĂ©gislation de sĂ©curitĂ© sociale applicable ; 2 lâĂ©galitĂ© de traitement ; 3 la transfĂ©rabilitĂ© ou exportabilitĂ© des prestations ; 4 la totalisation des pĂ©riodes dâassurance. [26] Le premier principe de la coordination, Ă savoir lâunicitĂ© de la lĂ©gislation de sĂ©curitĂ© sociale applicable implique quâil ne sera fait application que dâune seule lĂ©gislation de sĂ©curitĂ© sociale selon un critĂšre de rattachement qui varie selon le statut de la personne qui exerce une mobilitĂ©. Ainsi, la lĂ©gislation de sĂ©curitĂ© sociale du lieu de travail est applicable pour les travailleurs tandis que la lĂ©gislation de sĂ©curitĂ© sociale du lieu de rĂ©sidence sera applicable aux autres citoyens europĂ©ens. [27] Acte unique europĂ©en AUE, signĂ© Ă Luxembourg le 17 fĂ©vrier 1986. [28] Article 118 A CEE, issu de lâActe unique europĂ©en prĂ©citĂ©. [29] Article 118 A 1 CEE. [30] Directive 89/391/CEE du Conseil du 12 juin 1989 concernant la mise en Ćuvre des mesures visant Ă promouvoir lâamĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© des travailleurs au travail, JOCE L 183 du 29 juin 1989, p. 1. Voir Laulom 2014. [31] Directive 89/391/CEE, prĂ©citĂ©e, article 3, d. [32] Loi 91-1414 du 31 dĂ©cembre 1991 modifiant le Code du travail et le Code de santĂ© publique en vue de favoriser la prĂ©vention des risques professionnels et portant transposition de directives europĂ©ennes relatives Ă la santĂ© et Ă la sĂ©curitĂ© au travail, parue au JORF n° 5 du 7 janvier 1992, p. 319. [33] Directive 89/391/CEE, prĂ©citĂ©e, prĂ©ambule, 11e et 12e considĂ©rants. [34] Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux des travailleurs, adoptĂ©e Ă Strasbourg le 9 dĂ©cembre 1989. [35] PrĂ©ambule de la Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux des travailleurs prĂ©citĂ©e. [36] Ibid. [37] Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne, adoptĂ©e Ă Nice le 7 dĂ©cembre 2000. [38] TraitĂ© de Lisbonne modifiant le TraitĂ© sur lâUnion europĂ©enne et le TraitĂ© instituant la CommunautĂ© europĂ©enne, signĂ© le 13 dĂ©cembre 2007. [39] Article al. 1er du traitĂ© de Lisbonne prĂ©citĂ© LâUnion reconnaĂźt les droits, les libertĂ©s et les principes Ă©noncĂ©s dans la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne du 7 dĂ©cembre 2000, telle quâadaptĂ©e le 12 dĂ©cembre 2007 Ă Strasbourg, laquelle a la mĂȘme valeur juridique que les traitĂ©s. » [40] Article 27 de la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [41] Article 28 de la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [42] Article 29 de la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [43] Article 30 de la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [44] Article 31 de la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne prĂ©citĂ©e. [45] Pour une mise en perspective des objectifs sociaux avec la finalitĂ© Ă©conomique de lâUnion europĂ©enne, voir les principaux ouvrages de droit social international et europĂ©en, notamment Hennion et al. 2017, RodiĂšre 2014 et Schmitt 2012. [46] Article 117 du TraitĂ© CEE prĂ©citĂ©. [47] Article 3 du TraitĂ© sur lâUnion europĂ©enne TUE. [48] Il faut toutefois souligner la rĂ©vision de la directive sur les agents cancĂ©rogĂšnes adoptĂ©e en dĂ©cembre 2017. [49] Article 6§2 du TraitĂ© sur le fonctionnement de lâUnion europĂ©enne. Un protocole annexe au TraitĂ© n° 8 prĂ©cise notamment que lâĂ©ventuelle adhĂ©sion de lâUE ne devra pas modifier ses compĂ©tences, ni affecter les attributions de ses institutions. [50] Avis 2/13 de la Cour, AssemblĂ©e plĂ©niĂšre, du 18 dĂ©cembre 2014. Voir Simon 2015, Popov 2015. [51] Sur la Charte des droits fondamentaux de lâUnion europĂ©enne, voir supra. [52] Article al. 2 du traitĂ© de Lisbonne prĂ©citĂ©. [53] Voir en particulier CJUE, 15 janvier 2014, Association de mĂ©diation sociale, aff. C-176/12. [54] CJCE, 27 mars 1990, Rush Portuguesa, aff. C-113/89, point 18. [55] Directive 96/71/CE du 16 dĂ©cembre 1996 du Parlement europĂ©en et du Conseil concernant le dĂ©tachement de travailleurs effectuĂ© dans le cadre dâune prestation de services, JOUE L 18, 21 janvier 1997, p. 1. [56] Directive 96/71/CE, prĂ©citĂ©e, article [57] CJCE, 18 dĂ©cembre 2007, Laval un Partneri, aff. C-341-05. [58] Chapitre [59] Chapitre [60] Chapitre [61] Chapitre [62] Chapitre [63] Directive UE 2018/957 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 28 juin 2018 modifiant la directive 96/71/CE concernant le dĂ©tachement de travailleurs effectuĂ© dans le cadre dâune prestation de services, JO L 173 du 9 juillet 2018, p. 16-24. [64] Pour un premier bilan, voir Vanhercke, Ghailani, Sabato 2018. Parmi les diffĂ©rents instruments juridiques mondiaux et europĂ©ens, le droit de lâUnion europĂ©enne constitue, Ă maints Ă©gards, une source originale de droits pour les travailleurs et surtout le corpus le plus abouti de normes supranationales dans le domaine social. Nous tenterons alors de poser les bases dâune rĂ©flexion juridique et critique, en nous demandant, Ă la lumiĂšre des Ă©volutions rĂ©centes, si ce droit social de lâUnion europĂ©enne est aujourdâhui effectivement au service dâune Europe sociale. I. La construction de lâEurope sociale La libre circulation des Lâadoption de rĂšgles minimales en matiĂšre de droits Les droits fondamentauxII. Le dĂ©clin de lâEurope sociale Un dĂ©sĂ©quilibre structurel entre Europe Ă©conomique et sociale aux fondements du dĂ©clin de lâEurope sociale ? Un non-respect des engagements pris en termes de droits Une CJCE plus favorable aux libertĂ©s Ă©conomiques quâaux rĂšgles sociales ?III. Le renouveau de lâEurope sociale ? 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Distribution Ă©lectronique pour © Tous droits rĂ©servĂ©s pour tous pays. Il est interdit, sauf accord prĂ©alable et Ă©crit de lâĂ©diteur, de reproduire notamment par photocopie partiellement ou totalement le prĂ©sent article, de le stocker dans une banque de donnĂ©es ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque maniĂšre que ce soit.
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